Le 18/08/2020. 

Alors que nous passions par le Limousin, Ludo et moi avons fait une halte à Ouradour -sur-Glane. Dans ce village tranquille, une division de SS a débarqué un après-midi pour massacrer la quasi totalité de ses habitants. Il s'agit du plus grand massacre de civils perpétré par les nazis sur le sol français. 

L'accès au village est gratuit et se fait par le Centre de la Mémoire du nouveau Ouradour-sur -Glane.

Un peu d'histoire

Le 10 juin 1944, alors que le débarquement vient d'avoir lieu en Normandie, les allemands font marche arrière et tentent de combattre les forces françaises. Pour surprendre les résistants, les SS exécutent froidement des populations entières, comme ils en ont pris l'habitude sur le front de l'Est. Un détachement appartenant à la Panzerdivision SS "Das Reich" pénètre en début d'après-midi dans le modeste et paisible village d'Ouradour-sur-Glane. La veille, ils viennent de pendre 99 otages à Tulle, ville voisine, en représailles aux attaques des maquisards qui veulent ralentir leur progression vers la Normandie.

Dès lors, la division SS somme l'ensemble de la population de se réunir sur le Champ-de-Foire sous le prétexte d'un simple contrôle d'identité. Sur place, les troupes divisent les habitants en deux groupes: d'un côté, les hommes âgés de plus de 14 ans ; de l'autre, les femmes et les enfants. 

Le groupe comprenant les femmes et les enfants est enfermé dans l'église du village. Les soldats allemands y déposent des explosifs avant de sortir, mitraillent l'édifice et y mettent le feu.

Les hommes sont, quant à eux, séparés et conduits dans les diverses granges d'Ouradour-sur-Glane. Ils sont abattus en quelques secondes par les mitrailleuses. Les bâtiments sont incendiés pour que les corps ne soient as reconnus. Avant de repartir, les SS font encore le tour du bourg pour trouver toutes personnes n'ayant pas pu se rendre sur la grande place. Les allemands tuent au total 643 victimes innocentes à Ouradour-sur-Glane. Une quarantaine de personnes a survécu au massacre.

La rue principale menant à la place du Champ-de-Foire, est parsemée de plaques commémoratives sur les maisons signalant les différents lieux de barbarie mais aussi ce qu'il reste de l'Hôtel des postes, de l'école primaire, de l'ancienne église Saint-Martin. Les quelques carcasses de voitures et l'intérieur des maisons calcinés en sont les témoins silencieux.

Le village d'Ouradour aujourd'hui...

Les ruines du village ont été préservées afin que soit maintenue la mémoire du massacre de sa population. En mai 1946, le village d'Oradour-sur-Glane a été classé Monuments historiques, posant un problème pour sa conservation en l'état. Afin que la végétation ne reprenne pas le dessus et ne recouvre les lieux, il a fallu consolider les bâtiments et stabiliser les chaussées avec des résines pour les rendre imputrescibles ou inaltérables. La petite bourgade s'est depuis reconstruite à une centaine de mètres. Elle dispose aujourd'hui du Centre de la Mémoire où sont rassemblés, entre autres, les quelques objets ayant résisté aux flammes, pour que le massacre ne soit pas oublié. 

Le Centre de la Mémoire et l'Association des familles des martyrs d'Ouradour ont entrepris depuis 2014 de retrouver le visage des disparus et de les graver sur des carreaux de porcelaine : 532 ont pu être ainsi retrouvés après 4 ans de longues investigations auprès des descendants et des archives départementales. La quête se poursuit... 

(Source futura-sciences.com)

Ludo et moi avons marché dans les rues d'Ouradour pendant presque 2h. Nous avons bien fait d'arriver tôt sur les lieux car rapidement les rues se sont remplies de nombreux touristes. Nous avons donc pu visiter ce lieu à notre rythme et surtout dans le silence. 

Les 14 et 15 août 2020, Ludo et moi sommes partis en kayak pour rejoindre la frontière espagnole après le Cap Cerbère.

Comme il y a une 50aine de km pour y aller, nous avions prévu de bivouaquer une nuit quelque part sur le trajet. Notre kayak est immatriculé et s'appelle "Juntos" (ensemble en espagnol). Il pèse à vide 35kg et pour cette expédition nous avons rajouté au moins 25 kg supplémentaires de matériel, d'eau, et de nourriture... C'est Ludo qui a tiré le kayak très chargé jusqu'à la plage centrale d'Argelès s/Mer qui se trouve à 800m de la maison. Ce fut un bon entraînement pour les bras !!!

Nous avons quitté la plage à 8h35 et la mer était plate au départ. Puis rapidement, le vent s'est levé et par chance nous a poussé dans le dos, si bien que nous avons atteint le Cap Béar en 1h30 au lieu de 2h la dernière fois. 

Les Pyrénées s'avancent de près de 7km en mer par rapport à la côte sableuse qu'ils viennent interrompre brutalement. Le Cap Béar est ainsi composé dune alternance de criques et de hautes falaises qui par effet conjugués de la méditerranée et des Pyrénées, offrent des milieux riches et originaux ainsi que des paysages remarquables. La présence simultanée d'un cap et d'un phare attire les randonneurs et les touristes qui en font le tour. A ce jour, il n'est pas ouvert à la visite.

La  tour du phare, haute de 27 m, est pyramidale à section. La particularité de l'édifice réside dans son fût circulaire totalement recouvert de carreaux d'opaline jusqu'au plafond sous la chambre de veille.

D'une portée de 30 milles, le phare du Cap Béar est équipé d'une lentille à 3 panneaux créant 3 éclats blancs successifs toutes les 15 secondes. Le phare est automatisé, contrôlé à distance, et ne bénéficie pas d'un gardiennage permanent. Il est doté d'une station de GPS différentiel.

Le phare, ses annexes et le site alentour ont été classés monument historique par arrêté du 9 octobre 2012 après avoir été inscrit le 12 octobre 2011. Il est actuellement la propriété de l'Etat. (Source : site du Conservatoire de littoral)

Au Cap Béar, nous avons fait une première halte dans une de ses criques où se trouvait une petite plage de galets. Il y avait pas mal de bateaux qui mouillaient mais seulement une famille sur la plage. On en a donc profité pour débarquer du kayak, prendre un encas et se baigner. 

Puis nous sommes repartis en direction de Banyuls s/Mer. Nous sommes passés à proximité de la plage des Paulilles et du Cap Oullestre.

Nous avons pagayé pendant une bonne heure et puis nous nous sommes arrêtés pour déjeuner entre le Cap du Troc et le Cap de l'Abeille. Nous n'avons pas pu trouvé de plages alors nous avons accosté dans une petite crique à l'abri de la houle. Nous avons accroché notre bout à un morceau de bois posé sur des rochers tel un banc. On a pris notre temps car on avait le temps vu que la frontière avec l’Espagne n'était plus très loin. On s'est reposés jusqu'à 15h. Ludo a fait un peu de snorkelling, histoire de voir les fonds marins.  

Le ciel devenant menaçant nous sommes vite repartis. Le mauvais temps nous a suivi jusqu'à la frontière, mais heureusement nous avons échappé à la pluie et aux éclairs car l'orage se situait plus dans les terres. Puis nous sommes arrivés au Cap Cerbère, dernier cap avant la frontière franco-espagnole.

Le phare qui surplombe le Cap Cerbère est l'ultime phare français avant le frontière, appelé aussi "phare solaire".

Cette construction fut entreprise pour remplacer le vieux feu du port de Cerbère supprimé en 1980. C'est l'œuvre du cabinet parisien d'architecture Lucien Guerra. Le site des très hautes falaises du cap Cerbère fut choisi, mais il fallut exclure toute alimentation électrique par ligne aérienne pour ne pas dénaturer le paysage.

En 1982, ce phare moderne est achevé et est alimenté par des panneaux solaires. C'est une tour de pierres grises avec un haut rouge.

Nous avons passé le Cap Cerbère et traversé la frontière franco-espagnole dans la foulée sans vraiment s'en rendre compte. 

En effet, la frontière est symbolisée par une rayure sur la falaise et une borne à l'intérieur d'une grotte, plutôt difficile à trouver. La borne n°602 est accessible par la mer uniquement.

Ensuite nous sommes retournés vers le Cap Cerbère et avons débarqué sur une plage de galets qui fut notre lieu de bivouac pour la nuit.

La nuit ne fut pas très bonne car dormir sur des galets fut très très très inconfortable !!! On s'est levés tôt pour assister au lever du soleil sur le Cap Cerbère et c'était splendide !!!

Nous avons ensuite pris notre petit déjeuner à l'intérieur de la tente car il y avait une infestation de moustiques. Le temps de prendre nos photos du lever du soleil, on a été dévorés. On se demandait bien d'où ils pouvaient venir car il n'y avait aucun accès autre que la mer et aucune habitation aux alentours. Un mystère ! Nous avons pris ensuite le chemin du retour. Il était 8h40.

Nous sommes partis sur une mer d'huile. Pour le retour, nous avons choisi de ne pas caboter et donc de naviguer plus loin des côtes afin de gagner du temps et des km. Le vent s'est levé et on a commencé à fatiguer. Aussi vers les 10h, nous avons décidé de retourner sur la plage du Cap Béar pour se reposer et se restaurer. C'était le 15 août et il y avait beaucoup plus de monde qu'à l'aller. On a réussi à se frayer un chemin à travers les bateaux, les baigneurs, les plongeurs... et j'en passe. On a débarqué entre 2 serviettes. On a juste pris le temps de manger un bout et se baigner un peu et on a dû repartir. Trop de monde !!!

Après le Cap Béar, le vent soufflait plus fort et les vagues devenaient plus grosses. Le vent nous poussait dans le dos et pourtant on avait du mal à garder le cap. 

On décida de faire une halte sur une plage de Port-Vendres car on n'en pouvait plus. On a déjeuné, on s'est baignés et bien reposés une bonne heure. 

On est arrivés sur la plage centrale d'Argelès s/Mer vers les 15h30. Le vent soufflait très fort et les vagues étaient très grosses. Il y avait tellement de monde sur la plage qu'on a dû emprunter le couloir des sauveteurs, normalement interdit aux véhicules non motorisés. Mais on n'a pas eu le choix car trop dangereux autrement. Il était temps qu'on arrive car le kayak était devenu incontrôlable. 

Il a fallu après ramener le kayak à la maison. Et c'est Ludo qui l'a de nouveau tiré... et sur 800m !!! Le trajet était encore plus dur qu'à l'aller car après 49km de rando, 9h de rame et 35 000 coups de pagaye, il y avait de quoi être fatigué !!!

C'était une belle balade. Les paysages sont magnifiques. Nous avons eu de la chance d'avoir eu le vent avec nous et le beau temps aussi. Sinon, cela aurait été une toute autre histoire !!!